"Les politiciens sont usés, c’est pourquoi nous apparaissons"
Sous la IIIe République, au début du XXe siècle dans les bois du Gesly
sur le territoire de la commune d'Aiglemont dans les Ardennes, Fortuné
Henry ('l'houme libre") fonde une communauté anarchiste sans trop de problème avec le
pouvoir en place. Sous la Ve République cet "Essai" aurait sûrement encore moins de chance de réussir. Avant même le déploiement des tentes, on peut facilement imaginer une escouade de CRS cerner les bois... et mettre en état d'arrestation de simples militants politiques, ou syndicalistes, etc... pour "terrorisme". On peut d'ailleurs imaginer les titres dans les médias: "la mouvance anarcho-autonome décampée!", "la cellule de l'ultra-gauche délogée", ou encore "Les Ardennes françaises base arrière de terroristes".
En 1903, Fortuné fonde la communauté qui peu à peu s'étoffe tout en continuant à militer dans les environs, notamment à Nouzonville. De nombreux anonymes et personalités politiques et syndicalistes passent par la colonie d'Aiglemont comme les "déshérités de Nouzon", François Malicet, henry Gualbert, Gustave Bouillard, Jules Desgrolard, Emile Roger, Victor Dubuc, Jules Herbulot, Lucien Hulot, Adonis Roger(théâtre) ou encore Alexandre Steinlen (caricaturiste), Maurice Donnay, Lucien Descaves et Anatole France. On peut noter que le Dieudonné de la "bande à bonnot" serait passé par là! De cette expérience et de ces rencontres naît "le Cubilot" accompagné de cette phrase: "Les politiciens sont usés, c’est pourquoi nous apparaissons", journal où Mounier (dit Jean Prolo), Henry et d'autres (comme en atteste les pseudonymes: limpides Semoy, E. Dantés, Piedplat, Aigrette, le Furet,...) dépeignent l'actualité et dévoilent les idées de la colonie dans les Ardennes et au delà.